mercredi 2 septembre 2015

Portrait d'Arash Derambarsh (élu de Courbevoie) sur France 24

"Arash Derambarsh, l’élu français qui veut éradiquer la faimdans le monde" (France 24)




Le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh, est devenu en quelques mois "la" figure internationale de l’anti-gaspillage alimentaire. Retour sur le parcours de ce militant populaire et ambitieux, reçu jeudi à l’Élysée.

Arash Derambarsh fait partie de ces hommes politiques que l’on devine tout de suite ambitieux, persévérant - voire impatient - mais indéniablement courageux. Du haut de ses 35 ans, ce conseiller municipal divers droite de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, peut se vanter d’avoir défié le puissant lobby agroalimentaire français et d’avoir réussi à le faire plier.

Comment ? En partant en croisade contre le gaspillage alimentaire. Le 21 mai dernier, l’Assemblée nationale a voté - à une rare unanimité - l’interdiction pour les grandes surfaces de jeter leurs invendus ou de les rendre impropres à la consommation, notamment en les aspergeant d’eau de Javel. Désormais, les supermarchés devront s'efforcer de nouer des partenariats avec des associations. Une première en France que l’on doit en grande partie au combat de ce pourfendeur du gâchis, dont l’engagement a été relayé par de prestigieux médias comme "LeMonde" ou encore le "Guardian", en Angleterre.

Pour couronner cette victoire législative, l’élu de Courbevoie est invité jeudi 11 juin à l’Élysée. Arash Derambarsh sera reçu par Patrice Biancone, le conseiller du président chargé des relations avec les ONG. Une fierté pour l’élu qui devrait demander l’aide de Paris pour mener son combat à l’échelle européenne. "Nous sommes le premier pays au monde à obliger les supermarchés à redistribuer les invendus. C’est incroyable ! Il faut que ça continue", s’enthousiasme-t-il auprès de France 24.

Un système aberrant

Cet emballement pour la cause, Arash Derambarsh explique l’avoir chevillé au corps depuis longtemps. Né en France de parents iraniens ayant fui leur pays après la révolution islamique, le jeune élu raconte qu’étudiant il n’avait pas beaucoup de ressources. "Je gagnais environ 800 euros par mois. Mon loyer était de 400 euros. Il ne me restait que 400 euros pour le reste, les factures et la nourriture. C’était peu." En grandissant et en s’engageant dans la voie de la "res publica", le jeune homme se fait alors une promesse, celle d’éradiquer la faim. Un projet pharaonique, un peu fou, qu’il n’a pourtant jamais abandonné. "Beaucoup d’hommes politiques sont déconnectés de la réalité. Je ne veux pas être comme eux, explique-t-il, il faut se battre, et pour se battre, il faut aller sur le terrain."

Il expérimente donc le milieu humanitaire en créant son association "Courbevoie 3.0". Il fait du porte-à-porte dans sa ville auprès de Monoprix, Franprix, pour récupérer la marchandise invendue, mais se heurte à chaque fois à une fin de non-recevoir.

Seul Carrefour Market conclut un marché avec lui. Nous sommes en janvier 2015. Trois fois par semaine, les bénévoles pourront venir récupérer les invendus à 21h30 et les redistribuer le soir même. "Ce que nous faisions était honorable mais illégal. C’est là que j’ai réalisé que le système était complètement aberrant. Chaque jour, chaque supermarché gâche plus de 40 kg de nourriture. Dans le même temps, la classe moyenne a de plus en plus de problèmes économiques !", explique-t-il. "C’était absurde, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Il nous fallait une loi".

Une cause noble, un communicant hors pair

Arash Derambarsh s’engage donc dans la deuxième phase de son combat : l’action médiatique. En janvier de la même année, il lance avec le réalisateur français Matthieu Kassovitz, son ami, une pétition sur le site change.org qui recueille en moins de 16 semaines plus de 200 000 signatures. "Un record qui nous a aidés à porter le projet aux portes de l’Assemblée". Pendant ces quatre mois de pétition, les soutiens affluent. De nombreuses personnalités telles que Johnny Hallyday, Bruno Gaccio, Omar Sy, Youri Djorkaeff ou encore Antoine et Emma de Caunes frappent à sa porte.

Sa notoriété grandit aussi vite que son programme contre le gaspillage alimentaire s’affine. Sa communication se perfectionne. Ses interventions sont travaillées, ses réponses fusent, scolaires, claires, précises. Comment les grandes surfaces vont-elles se plier à la loi ? Rien de plus simple, affirme-t-il. "Tout fonctionnera grâce à deux canaux de distribution". Il y aura les associations agréées (Restos du cœur, Croix-Rouge…) qui pourront récupérer une partie de la marchandise en respectant la chaîne du froid. Et il y aura les autres associations qui répartiront, de leur côté, les invendus le soir même. Pour faciliter cette deuxième option, Arash Derambarsh souhaite instaurer un droit opposable qui permettrait à tout citoyen de créer une association pour ensuite s’adresser au supermarché de son choix et récupérer la nourriture.

Certaines associations alimentaires, pourtant, ne partagent pas ses méthodes. Elles redoutent notamment les complications logistiques de la nouvelle loi : qui s'occuperait du tri ? Qui s'occuperait des déchets liés à ce tri ? Par ailleurs, d'autres observateurs voient avant tout dans son engagement un formidable coup de pub médiatique. Mais l’élu ne veut pas passer pour un Rastignac cachant ses ambitions politiques derrière une cause louable. "Je ne me présenterai à aucune élection avant 2020 pour prouver la sincérité de mon combat", explique-t-il. 2020, l’année des prochaines municipales, répondent ses détracteurs…


Pour contrer ces médisances, le conseiller municipal a fait de sa cause un sacerdoce. "Je ne veux plus que la faim soit un problème. C’est peut-être naïf pour certains pourtant mon combat ne l’est pas. Les lobbys me traitent de farfelu. Je me fous de ce qu’ils pensent, moi, en quatre mois, j’ai obtenu une loi", lâche-t-il. Les "lobbys" en question l’accusent surtout de s’être trompé de cible. "La loi se trompe […] de sujet en visant la grande distribution, qui ne représente que 5 % du gaspillage alimentaire", a regretté la Fédération française de la grande distribution.


Qu’importe, c’est un premier pas, rétorque l’élu de la République. Dopé par son succès, Arash Derambarsh souhaite maintenant élargir son combat à l’Europe, et même à l’Afrique. "J’aimerais lancer une nouvelle pétition dans toute l’Union européenne, où 100 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté", explique-t-il. "Et après, oui, pourquoi pas l’Afrique ? Avec mon programme, un tiers de la faim dans le monde pourrait être éradiquée". 

Une utopie ? "Je n’espère pas… Tout ce que j’aimerais dire aux dirigeants européens aujourd’hui, c’est que s’il y a bien un seul projet pour lequel ils devraient se battre, un seul projet à faire passer dans leur vie, c’est celui-ci."

Portrait d’Arash Derambarsh (élu de Courbevoie) sur RFI

Portrait d’Arash Derambarsh (élu de Courbevoie) sur RFI par Anne Bernas

Arash Derambarsh à Courbevoie

Obliger les supermarchés à redistribuer leurs invendus, tel est le combat mené par un jeune élu de Courbevoie, en banlieue parisienne.

Arash Derambarsh, débordant d’enthousiasme, a bien l’intention que cette lutte aboutisse à une loi, ce qui serait une première en France.

Ambitieux et décidé, il projette même de l’étendre par la suite au continent africain.

Un défi de longue haleine que le jeune élu entend mener jusqu’au bout.

« Les Courbevoisiens m’ont demandé d’agir sur la vie concrète des gens, de ne pas faire de baratin ou de blabla comme beaucoup d’élus ». Les bases sont posées. 

A 35 ans seulement, il a tout du politicien. Arash Derambarsh raconte son combat pour la énième fois. Les médias sont déjà nombreux à s’être emparés de son histoire et le conseiller municipal gère avec tact sa popularité croissante. Le discours est maîtrisé, sans ambages, les mots sont pesés. « L’idée est venue d’un vécu, raconte le jeune homme. J’ai connu la faim lorsque j’étais étudiant et que je ne gagnais que 700 euros par mois. »

Aujourd’hui, il s’insurge que le 10 de chaque mois, la classe moyenne se serre la ceinture et que les SDF soient de plus en plus nombreux dans l’Hexagone. Face à cette alarmante situation, Arash Derambarsh, « élu de la République », comme il aime à le répéter, veut apaiser les souffrances de ses concitoyens par une manière simple : stopper le gaspillage alimentaire. Chiffres à l’appui, il poursuit sa démonstration, expliquant que chaque jour, ce sont entre 20 et 40 kilos d’invendus qui sont jetés dans chaque supermarché, une « aberration ». Au niveau planétaire, un tiers de la production mondiale de nourriture est gâchée…

Alors, l'homme est passé à l’action en fin d’année dernière. Le terrain, quoi de mieux pour un élu ! 

A la fermeture d’un supermarché de sa ville, accompagné d’amis et de citoyens de Courbevoie, Arash Derambarsh récupère les invendus de la journée et les distribue aux plus démunis de sa ville qui jouxte le quartier d’affaires de La Défense à l’ouest de Paris. « Chaque soir, on distribuait l’équivalent de 500 euros de nourriture ». Les médias aidant, l’action du Courbevoisien a eu un écho retentissant. « Comme ce qu’on faisait n’était pas légal, et bien on demandait une loi », poursuit l'élu.

Ainsi, en janvier dernier, il lance une pétition avec son « ami », l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz pour qu’une loi imposant, ou incitant aux supermarchés de donner, soir après soir, tous leurs invendus à l'association de leur choix, soit votée. Techniquement, ce que propose Arash Derambarsh, c’est donc que chaque citoyen puisse créer une association pour ensuite s'adresser à l'enseigne de son choix dans sa commune, afin que celle ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même. Aujourd’hui, plus de 170 000 personnes ont déjà signé la pétition, un réel succès pour celui dont le discours est rodé et efficace. Car écouter Arash Derambarsh, c’est être confronté à un exercice journalistique peu commun tant le protagoniste contrôle la situation et écarte d’un revers de main toute forme de critique ou « parasitage ».

Des soutiens de poids

Plus de quarante parlementaires et élus de toutes couleurs politiques soutiennent désormais l’initiative d’Arash Derambarsh, dont des soutiens de poids. Des stars du show-biz sont aussi aux côtés du jeune homme qui semble avoir un réseau plus qu’impressionnant... Laetitia et Johnny Halliday, Omar Sy, etc., la liste est longue. Récemment, c’est ONE-France, l'organisation cofondée par Bono, chanteur du groupe U2, qui a apporté son soutien à l’action de l’élu.

Le 7 avril, le Courbevoisien va « convaincre » l'Élysée du bien-fondé de son initiative, accompagné d'une délégation de 15 personnes dont Frédéric Daerden, qui a mis en place un système quasi-similaire et qui a fait ses preuves à Herstal, en Belgique. Suite à cette pétition, le député Guillaume Garot a pris l’engagement de légiférer contre le gâchis alimentaire. « Député, je ferai, avant la mi-avril, des propositions concrètes au gouvernement, pour mettre en œuvre dans notre pays une politique cohérente contre le gaspillage alimentaire, qui permette de faciliter le don et plus largement d’éviter le gaspillage. C’est dans ce cadre que sera traité le problème des invendus de la grande distribution. Je proposerai dans la foulée, une loi, écrite avec des élus de tous bords politiques, tirant les leçons des multiples initiatives locales menées partout en France ». « Il y aura une loi avant l’été sur le gâchis alimentaire », s’enorgueillit de son côté Arash Derambarsh, plus que jamais sûr de lui et qui semble ignorer l’existence du mot « douter ».

Rien ne l'arrête, ni certaines associations qui ne considèrent pas nécessairement cette initiative d’un bon œil, craignant des mesures coercitives, ni même le poids des lobbys industriels. « Je suis un élu français, les pressions ne me préoccupent pas. Rien ne peut et ne pourra m’influencer. Rien. Toutes ces forces obscures des lobbys, je les combattrai ». Alors fait-il cela par pur humanisme et par pur altruisme ? Il semblerait que oui, puisque l’élu, imperturbable, ne prétend avoir aucune visée électorale avant 2020… « Tout ceci, pour moi, est un objectif d’intérêt général. Rien de plus. Je suis là pour apporter des réponses à un problème. Je suis dans l’action, je ne suis pas un idéaliste ».

Une utopie ?

Arash Derambarsh, fort de sa victoire qu’il estime certaine, ne veut pas se cantonner à combattre le gâchis alimentaire en France. En fin politicien, il entend ainsi s’attaquer au continent africain… là où sévit aussi un gaspillage alimentaire d’une toute autre teneur. La cause est noble et belle, mais elle paraît utopiste. Sauf pour le jeune élu, irrité par le mot. « Nous faisons une action locale, dit-il, mais la pensée est globale ». 

Doctrine du village planétaire à l’appui, l’élu de Courbevoie, volontiers séducteur, analyse : « La grande pauvreté, elle est en Afrique. Et le gâchis, il est aussi dans les supermarchés du continent noir. Et là-bas, avec dix fois moins on peut se nourrir dix fois plus. On veut taper très fort ».

Arash Derambarsh, peut-être un brin naïf, est persuadé que son action dans l’Hexagone va faire effet boule de neige. « Je veux prendre le calendrier international à témoin et dire que ce que nous voulons faire en France, en Belgique, nous le ferons ensuite dans l’Union européenne puis à l’international ». Et d’expliquer qu’en octobre et en novembre prochains, ce sera à la table des Nations unies par le biais de One-France. La lutte contre le gaspillage fait en effet partie des 17 Objectifs de développement durable (ODD) devant être adoptés en septembre à l’ONU. Quand on sait que la quantité de nourriture jetée par l’ensemble des producteurs, distributeurs et consommateurs des pays dits « riches » pourrait nourrir sept fois la population souffrant de la faim dans le monde, la cause vaut plus que jamais la peine d’être défendue.

Altermondialiste ou sauveur de l’humanité dans l’âme, Arash Derambarsh veut que sa génération, celle des trentenaires, se rende compte que si rien n’est fait, l’humanité court à sa perte. « Quand les gens ont faim ou ont soif, en France ou n’importe où sur la planète, ca provoque des guerres ». Et l’élu de justifier que son discours est sensé : « Notre pétition a été signée dans bien d’autres pays que la France. J’ai reçu des mails de soutien du monde entier ». Et Arash Derambarsh de poursuivre son discours tout en serrant les mains de ses concitoyens de Courbevoie. Si l'initiative d’Arash Derambarsh ne fait pas l'unanimité, sa cause n'en demeure pas moins une réponse encourageante face à l'immensité du problème de la malnutrition, qui concerne un milliard d'hommes dans le monde.

Arash Derambarsh et des bénévoles à Courbevoie

mardi 1 septembre 2015

Tribune d'Arash Derambarsh dans le Huffington Post - Contre la faim et la soif, il faut une loi contre le gaspillage alimentaire !"




A l'approche de chaque grande échéance électorale, par préoccupation altruiste ou par pur calcul opportuniste, revient la question du désamour des Français pour leur classe politique.
La réponse est pourtant simple, elle tient en un mot qui contient à lui seul toutes les dérives, le manque d'idée, le cynisme, l'opportunisme dont nous subissons tous les effets au quotidien.
Ce mot qui fâche, dont chacun se défend ardemment, ce mot qui à lui seul chez certains résume toute une carrière politique, ce mot est l'incroyable défaut qui freine notre pays et qui fait d'un élan positif un boulet administratif quand la bataille des égos passe avant l'intérêt collectif.
Ce mot tabou, osons le dire, est: la récupération politique.

Ce domaine ne demande aucune compétence, juste le temps de latence minimum pour analyser comment mettre à son profit l'idée d'autrui et une réactivité maximum pour faire oublier la paternité du projet.
Madame Royal a reculé face au lobby de l'huile de palme en s'excusant face à Nutella, elle a reculé face au lobby du diesel et des pétroliers, elle a reculé face à l'ecotaxe. Aujourd'hui, elle utilise un double langage face à la grande distribution : elle ne veut pas de la loi mais veut un accord qui ne sera jamais respecté. Ce double langage pose problème et c'est ce que nous dénonçons aujourd'hui : le manque de courage politique
Madame Royal était Ministre de l'Ecologie en 1992. J'avais 12 ans; J'en ai aujourd'hui 36. Qu'a-t-elle fait? Sa récente traversée du désert ne lui aurait-elle pas fait toucher la misère du doigt pour qu'elle ne se réveille que maintenant sur l'enjeu du gaspillage alimentaire?
Non, la seule faim jamais assouvie chez Madame Royal est celle qui nourrit sa carrière politique. Elle a immédiatement décelé l'angle médiatique intéressant pour se mettre en avant.
Voilà donc Madame Royal sans pudeur et sans états d'âme qui s'empare de la loi contre le gaspillage alimentaire. 
Je pense aux citoyens qui œuvrent et se battent avec nous au quotidien pour ce projet. 

Je pense aux citoyens qui ont besoin de ces aides.

Je pense aux citoyens dont la souffrance est indignement récupérée, leur existence transformée en outil de propagande,

Il est temps de rétablir les faits.

La réalité est tout autre, et Madame Royal peut essayer tous les effets de manche habituels, cette fois la ficelle est trop visible. 

Les articles sont légion pour dénoncer la manipulation comme Paris Match ou le Blog du Monde.

Et c'est d'ailleurs sur le mode de fonctionnement concret de ce projet que l'on peut s'apercevoir que Madame Royal n'a pas été confrontée à la réalité des choses.
C'est pourquoi, faire du bruit sur des négociations avec les grandes enseignes ne sera suivi d'aucun effet. Même si les grands patrons prennent des engagements, dans les faits, ce sont les directeurs de magasins qui décident. En effet, l'accord du 27 août ne concerne pas toute la grande distribution car les deux tiers des grandes surfaces en France sont des franchises.

Et c'est pour cela que personne ne peut prétendre que ces engagements, si louables soient-ils, seront respectés. A Courbevoie, des Monoprix et des Franprix nous ont refusé des stocks. Ils préfèrent mettre de l'eau de javel. Et cet accord n'y changera rien. Une franchise ne reçoit d'ordre de personne. 

Or, elles représentent les deux tiers des entreprises. Si une ou deux acceptent de jouer le jeu, et d'autres non, que ferons-nous ? Cela va devenir une usine à gaz. Et puis, nous ne pouvons pas surveiller toutes les entreprises.

Il faut donc mettre "enseigne" et "franchise" sur le même pied d'égalité, obtenir une loi qui concerne une filière dans son ensemble et non des entités variables. Et surtout, il convient d'acter que la solidarité n'est pas une question de nature d'agrément mais d'humanité et là aussi l'égalité s'impose.
De plus, dans ce pseudo accord, rien n'indique quelles sont les associations susceptibles de recueillir ces dons.
À ce propos, nous regrettons leur absence lors de cette réunion capitale.
Concrètement, quelle association pourra venir récupérer les invendus consommables ?

Uniquement les associations agréés ayant une capacité de stocker des invendus consommables (Restos du cœur, Secours Catholique, Banque Alimentaire, etc )?
Ou bien toutes les associations, agréées ou non, qui œuvrent sur le terrain pour une distribution immédiate de la nourriture parant à l'urgence des plus démunis comme nous l'avons pratiqué à Courbevoie?
La solidarité est un geste spontané, que l'on qualifie d'ailleurs "d'élan de solidarité" et seul le contact avec la réalité d'une cause peut en donner les éléments nécessaires à sa mise en œuvre.
C'est pourquoi nous rappelons à Madame Royal que notre proposition s'appuie sur l'expérience du terrain, sur la confrontation et l'évaluation directes des besoins, sur l'écoute de ceux que nous aidons parce que nous avons tous un jour ou l'autre été confrontés à une situation qui fait que nous savons que la détresse n'est pas calée sur le rythme des administrations et encore moins sur celui d'un bureau ministériel. 


Nous ne sommes pas de ceux qui "convoquent" mais de ceux qui y sont. Et nous y étions, durant les mois de décembre et janvier, avec des amis et des bénévoles dans notre commune de Courbevoie. Nous avons récupéré trois soirs par semaine des invendus pour les distribuer immédiatement aux personnes nécessiteuses, notamment la classe moyenne et les SDF. Il n'y a eu aucun problème de logistique ni de bénévole. Et il n'y a eu aucun problème de "marché gris".
Nous avons sensibilisé le supermarché "Carrefour Market Charras" de Courbevoie, à notre projet, prouvant ainsi que quand les bonnes volontés s'unissent, de beaux projets peuvent se concrétiser pour le bien de tous.
Pour nous, ce n'était pas "juste une cause mais une cause juste", et c'est pourquoi elle est devenue le combat de tous. D'abord de nos proches, de nos soutiens sur le terrain et de nos amis sensibles à cette problématique, comme Mathieu Kassovitz, avec qui nous avons décidé de lancer une pétition sur Change.org pour obtenir une loi imposant à tous les supermarchés de distribuer leurs invendus.
Plus de 210.000 personnes ont signé cette pétition française !
Il s'agit du texte à thématique "écologique / agriculture" ayant reçu le plus grand nombre de signatures sur un site de pétition en ligne en France.

Notre combat, soutenu par "la Croix Rouge Française" et "Action contre la faim" s'est tourné vers l'Europe. Et notre grande pétition européenne dépasse aujourd'hui les 640.000 signatures. Vous pouvez d'ailleurs continuer à la signer pour atteindre le million de signatures.

Ce soutien sans précédent démontre que cette initiative parle à tous et que chacun se reconnait dans cette main tendue. 

Car la réalité économique de la France fait que l'entraide est un besoin qui va au-delà de la demande des plus démunis, et que devant cette évidence, seule une loi pourra donner de la force à cette nécessité grandissante.

La difficulté et la détresse en France ont un nouveau visage, celui de la classe moyenne qui est confrontée à un équilibre financier qui lui impose des choix. Non plus des choix de vie mais de survie, face à des charges grandissantes, de loyer, d'eau, d'électricité, de santé. Le reste à vivre ne suffit plus à se nourrir.
Cet équilibre périlleux se traduit aussi, et malheureusement, par l'augmentation du nombre de SDF dans nos rues.
Il est aux politiques d'assurer aux Français la sérénité. Mais il est du devoir de tous d'aider son prochain quand il en a les moyens.
C'est pourquoi, en constatant le gâchis alimentaire dont nous sommes tous témoins, j'ai pensé que nous serions tous complices si nous ne faisions rien.
Dans le plus grand silence et la plus grande indifférence, chaque soir, chaque supermarché jette plus de 40 kg de nourriture consommable. Cela représente 500€ et permet de nourrir 100 personnes.
Des chariots entiers de denrées consommables qui pourraient être un don précieux pour ceux qui en ont besoin partent dans des bennes, c'est ce qu'on appelle le gâchis alimentaire.
Face à ce constat, entre tristesse et colère, il ne fallait pas chercher des réponses tortueuses et lointaines, nous avons choisi la simplicité et l'efficacité car nous savons que cette loi n'est pas une loi comme une autre mais une simple évidence de bon sens.
Cette loi est simple. Elle repose sur 3 points et dont le but est d'imposer ou d'inciter les supermarchés à donner quotidiennement tous leurs invendus à l'association de leur choix.
Ce qui aura comme effet concret de proposer un droit opposable.
Avec cet encadrement légal, il y aurait trois conséquences :
1. Une solidarité accessible à tous pour répondre à l'urgence :

- Chaque citoyen pourra créer une association (selon la procédure) et déposer les statuts de son association en mairie.

- Dans sa commune, il pourra ainsi s'adresser à l'enseigne de son choix, afin que celle-ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même (à l'instar de notre association Courbevoie 3.0).

Cette disposition permettra de renforcer l'action des associations traditionnelles de solidarité qui ne peuvent plus faire face à cette attente démesurée.
Il y aura donc deux sortes d'associations pour la distribution de nourriture :
- Les associations agréées qui peuvent stocker (les Restos du cœur, Secours catholique, Secours populaire, Samu social, Croix rouge...) dont le fonctionnement nécessite des soutiens, structures et organisation plus complexes.
- Les associations agréées qui ne peuvent pas stocker en raison d'absence de locaux permettant le stockage en chambre froide. Et qui, pour respecter cette contrainte, opéreront sur le terrain une distribution immédiate le soir même, répondant ainsi à l'urgence.
Il est évident pour les enseignes que l'obligation ou la contrainte ne fonctionne que dans la mesure où elles sont sollicitées par les associations. C'est la création d'un droit opposable.
2. La solidarité sera l'affaire de tous.

Dans cette relation de proximité, chaque commune pourra ainsi informer ses citoyens des initiatives entreprises sur le terrain afin de mobiliser de nombreux bénévoles.
Ce qui a été fait à Courbevoie comme "laboratoire" a vocation à se décliner partout.
La communication d'une municipalité dispose maintenant de nombreux supports, papiers ou réseaux sociaux et l'impact de Twitter et Facebook, nous l'avons vu lors de cette belle initiative, permet de rassembler les bonnes volontés qui ignoraient tout simplement notre action par manque de communication.
3. La solidarité renforcera son action

La volonté de cette loi n'est pas de diviser la solidarité mais d'en renforcer les moyens.
C'est pourquoi le surplus de nourriture sera cédé automatiquement aux associations agréées qui peuvent la stocker, venant ainsi renforcer leurs propres collectes.

Pour avoir étudié toutes les possibilités pour lutter contre ce gaspillage alimentaire et mutualiser au maximum les efforts de chacun dans cette action au quotidien, nous avons pris connaissance d'un système quasi-similaire à Herstal en Belgique, porté par le député socialiste Frédéric Daerden.
Son succès nous conforte dans l'idée que la coordination de nos actions respectives pourra éradiquer une partie du manque de nourriture dont souffrent beaucoup de nos concitoyens.
La bonne volonté et ce désir profond d'aider les autres ne pourraient suffire à mettre en place une telle action. Chaque soutien compte et nous sommes heureux de pouvoir compter à nos côtés des associations de renom comme ONE France, ONG fondée par Bono, la Croix rouge française ou encore Action contre la Faim.

De surcroît, notre combat est international et aura vocation à se décliner sur d'autres continents.
Nous devons donc imposer la redistribution des invendus alimentaires aux associations locales qui en font la demande.
La lutte contre la faim et la soif n'est ni de gauche, ni de droite mais elle est du devoir de chacun. Dès lors, dans notre combat transpartisan, il ne peut y avoir qu'une seule volonté commune face à une misère au quotidien : un encadrement légal simple et clair.
Ainsi, le recours à la loi est donc le seul qui permettra de pouvoir répondre à cet enjeu.
Par conséquent, en concertation avec la sénatrice Nathalie Goulet, et les députés Frédéric Lefebvre et Jean-Pierre Decool, nous avons redéposé deux nouvelles propositions de loi. Une au Sénat et une à l'Assemblée Nationale.

La loi sera de nouveau votée dans les 6 mois.

Nous le devons aux millions de démunis qui ont faim et soif dans notre pays au nom de la Fraternité.