Friederike Röder (Directrice France de ONE), Arash Derambarsh et Bono (chanteur du groupe U2) |
L'organisation ONE,
créée par Bono, le chanteur de U2, veut internationaliser l'initiative d'un élu de
Courbevoie qui milite pour l'adoption d'une loi obligeant les supermarchés à
donner leurs invendus alimentaires à des associations.
L'Élysée doit recevoir Arash Derambarsh et une délégation sur le sujet le 7 avril.
La ville de Courbevoie
pourrait-elle devenir l'épicentre mondial de la lutte contre le gaspillage
alimentaire ?
Arash Derambarsh, un élu de la commune francilienne des
Hauts-de-Seine, en rêve. Depuis le mois de décembre, il milite activement pour
l'adoption d'une loi qui forcerait les supermarchés à donner leurs invendus
alimentaires aux associations caritatives. Durant deux mois, avec une
cinquantaine de bénévoles, il a collecté trois soirs par semaine les invendus
du Carrefour Market du centre commercial Charras pour les distribuer à des
personnes dans le besoin. «Cette opération a démontré qu'un tel dispositif est
simple à mettre en oeuvre et efficace», explique l'élu au Figaro.
Pour obtenir une loi,
Arash Derambarsh a lancé une pétition sur le site Change.org, avec l'acteur et
réalisateur Mathieu Kassovitz, qui a réuni à ce jour plus de 167.000
signatures. De nombreuses personnalités politiques et artistiques l'ont
paraphée. Et cette démarche vient de remporter un nouveau soutien de taille:
l'association ONE France, une organisation internationale de lutte contre la pauvreté
extrême et la faim dans le monde, en particulier en Afrique, cofondée par le
chanteur du groupe U2, Bono, et portée par plus de 6 millions de membres dans
le monde.
«La lutte contre le
gaspillage alimentaire et les pertes d'aliments est une problématique globale.
La production alimentaire nécessite d'importantes ressources en eau, terres et
électricité, dont une grande partie est gaspillée chaque année, dans les pays
développés comme dans les pays en développement, pour de la nourriture qui ne
profite pas aux populations», explique une porte-parole de ONE France.
Cette
lutte, rappelle l'association, fait partie des 17 Objectifs de développement
durable (ODD) qui seront adoptés en septembre aux Nations unies. «Une
initiative de la part de la France sur la problématique du gaspillage
alimentaire pourrait permettre de porter notamment cet enjeu, avec crédibilité,
sur la scène internationale.»
Pour Arash Derambarsh,
le soutien de ONE France est une belle reconnaissance. «Ce que nous avons testé à
Courbevoie pourrait être déployé dans d'autres pays, comme l'Afrique, par
exemple, où de nombreux supermarchés sont implantés et où le gaspillage sévit
aussi», se réjouit-il.
Si la commune francilienne a attiré tous les regards,
elle n'est pas la première à avoir expérimenté la distribution d'invendus. La
ville de Herstal, en Belgique, a interdit dès 2013 aux supermarchés de jeter
leurs invendus et leur a imposé de s'organiser pour stocker les produits dans
un espace dédié, où les associations venaient les récupérer. L'obligation a été
étendue l'an dernier à toute la Wallonie. «Le succès belge et celui de
Courbevoie ont mis une telle pression sur le débat public en France que nous
sommes sûrs qu'une loi sera adoptée», s'enthousiasme l'élu courbevoisien.
« Droit opposable »
De fait, l'agenda
politique s'accélère. Alors que le débat sur les dons des invendus traînait en
longueur depuis l'an dernier, Arash Derambarsh a déjà été auditionné deux fois
- la première, le 28 janvier dernier, à l'Assemblée nationale, et la deuxième
le 17 février, par le député Guillaume Garot qui doit rendre un rapport au
gouvernement fin mars sur la lutte contre le gâchis alimentaire.
Le 7 avril, il sera
reçu à l'Élysée. «Je serai accompagné d'une délégation de 15 personnes», se félicite-t-il.
Un groupe hétéroclite composé notamment de Friederike Röder, directrice de ONE
France, Nicolas Chabannes, président des Gueules Cassées, ce collectif qui va
commercialiser des fruits et légumes «moches», l'humoriste engagé Bruno Gaccio,
le rappeur Rost, ou encore le député belge et Bourgmestre de la Ville de
Herstal, Frédéric Daerden. «Je veux que soit mis en place un droit opposable
pour la distribution des invendus alimentaires», conclut-il. «Un citoyen,
lorsqu'il le souhaite, devrait pouvoir obtenir un agrément pour être habilité à
collecter les surplus de nourriture dans les supermarchés et les distribuer!»
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