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Le Parlement européen a
voté, le 9 juillet dernier, une résolution historique grâce un amendement
déposé par la député européenne Angélique Delahaye. Ainsi, dans le cadre d’une
résolution sur l’« économie circulaire », les eurodéputés ont adopté un
amendement par lequel ils invitent la Commission européenne à encourager la
création, dans les 28 États membres de l’Union Européenne, de conventions
prévoyant que le secteur du commerce alimentaire de détail distribue les
produits non vendus à des associations caritatives.
En Europe, plus de 80
millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Et alors que beaucoup ont
du mal à nourrir leurs familles et faire face à la crise, chaque supermarché,
dans l’Union Européenne, jette plus de 40kg de nourriture par soir ! Il faut
savoir que 40kg de nourriture consommable invendue correspond à 500€. Et cela
permet de nourrir une centaine de personnes. L’impact sur le plan européen
permettrait d’éradiquer une partie de la faim sur notre continent.
Le 21 mai dernier et en
seulement quatre mois, grâce à notre mobilisation citoyenne, nous avons obtenu
qu’une loi soit votée à l’unanimité par le parlement français, obligeant tous
les supermarchés à donner leurs invendus. Cette victoire française a rencontré
un écho extraordinaire partout dans le monde. C’est donc le moment d’étendre la
mobilisation pour obtenir une mesure similaire au niveau européen pour stopper
le gâchis alimentaire dans chaque pays de l’UE.
Nous lançons donc un
appel solennel au président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker,
et aux 28 chefs d’Etat de l’Union Européenne (dont Angela Merkel, David Cameron,
François Hollande ou encore Matteo Renzi qui ont déjà marqué leur intérêt),
pour que l’amendement voté par le Parlement européen, devienne une directive
européenne et qu’il s’applique dans tous les pays de l’Union, afin que les
supermarchés ne jettent plus de nourriture dans aucun pays d’Europe.
Cette directive, à
l’image de la loi votée en France ou à Herstal en Belgique est simple : Elle
obligerait chaque supermarché à faire don de ses invendus à l’association de
son choix. Elle facilitera la récupération des invendus consommables d’un
supermarché par des bénévoles. Ces derniers pourront ensuite les distribuer
immédiatement aux personnes nécessiteuses, notamment les SDF.
Concrètement, chaque
citoyen pourra créer une association et en déposer les statuts à sa mairie.
Celui-ci pourra ensuite s’adresser à l’enseigne de son choix dans sa commune,
afin que celle-ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même.
Il y aura donc deux sortes d’associations pour la distribution de nourriture :
les associations agréées qui peuvent stocker (les Restos du cœur, Secours
catholique, Secours populaire, Samu social, Croix rouge…) ; et les associations
agréées qui ne peuvent pas stocker en raison d’absence de locaux permettant le
respect de la chambre froide. Dans ce cas, ce serait une distribution immédiate
le soir même. Si aucune association ne vient interpeller une enseigne,
l’obligation ou la contrainte ne fonctionne donc pas. Ceci pour rassurer les
enseignes et les commerçants. Chaque commune pourra ensuite informer les
citoyens de cette initiative. Cela permettra de mobiliser de nombreux
bénévoles.
Enfin, le surplus de nourriture sera cédé automatiquement aux
associations agréées qui peuvent stocker la nourriture. C’est la création d’un
réel droit opposable.
La Commission européenne et les chefs d’Etat européen ont
une chance historique de prouver que l’Europe de la fraternité existe.
Jean-Jacques Eledjam, président de la Croix
Rouge française ; Stephanie Rivoal, présidente Action contre la faim ; Nicole
Fontaine, ancienne présidente du Parlement européen, ancienne ministre et Arash Derambarsh, conseiller municipal (LR) de Courbevoie (Hauts-de-Seine).
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