Services à la famille : un enjeu majeur à Courbevoie
Le samedi 29 juin dernier, au Grand Café de Courbevoie, avait lieu la dernière édition avant les vacances du club Courbevoie 3.0, fondé par Arash Derambarsh.
Thème de la
soirée : les services à la famille à Courbevoie.
Le soleil est au
rendez-vous pour ce dernier numéro de la saison. Arash Derambarsh ouvre les débats avant de présenter les différents
intervenants : « C’est la 7e rencontre du club, on s’est réunis un
peu partout dans Courbevoie, nous voulons créer du lien avec les
citoyens ». Et de revenir sur le concept du club : « Pourquoi
3.0 ? Le 2.0, c’est de l’interactivité, de l’échange ; le 3.0, c’est
de la rencontre améliorée. Redonner de la simplicité dans les relations
humaines car on a l’impression qu’il y a des malentendus entre les générations,
moins de solidarité et de fraternité. Créer de l’interactivité sur des
thématiques précises pour favoriser l’entraide. »
Et concernant plus
précisément le thème du jour : « Le service à la famille, cela
concerne Courbevoie, mais pas seulement. On peut créer des liens un peu partout
grâce au numérique».
Olivier Coredo, qui anime les débats, donne la parole au
journaliste courbevoisien Jean-Philippe
Elie, afin de rappeler les enjeux du débat de ce soir.
Jean-Philippe Elie rappelle que
Courbevoie connaît les mêmes problèmes que toutes les autres villes de
France : « Avec 1 500 naissances par ans, nous avons des
problèmes de crèches et de logements. Des crèches privées qui font du service
public sans l’être réellement, avec des rotations d’effectifs. Le défi sera de
fidéliser ces crèches ». Avant de poursuivre sur le logement : « Courbevoie
est une ville de 4 km2, donc une petite surface, et c’est un véritable problème
pour construire. Le parc social de la ville, c’est un peu moins des 20 %
fixés pour la loi. Et dans dix ans, il faudra être à 25 % ! Comment
construire du foncier ? Tel va être le défi pour la ville
prochainement. » Et Jean-Philippe
Elie conclut sur les problèmes de stationnement : « C'est
un véritable problème. Il n'y a pas de stationnement résidentiel à Bécon
(quartier de Courbevoie), ni de parkings souterrains. À côté, sur Asnières, on
ne paie pas le parking alors qu’ici on paie ! Il faut réfléchir à ces
questions. »
On ne peut pas parler de social quand il y a
de l’injustice
Olivier Coredo se penche vers l’avocat Maître Yassine Bouzrou et lui demande quels sont les modalités
d’attributions pour bénéficier d’un logement social ?
L’avocat rappelle
que ce sont les conditions de revenus qui conditionnent l’attribution. Et de
mettre en relief certains problèmes d’abus, notamment avec la porte-parole du
mouvement contre le mariage pour tous (Frigide Barjot).
Ce sont donc les
revenus, et certaines conditions comme le handicap, qui favorisent l’accès.
« Les règles
sont tellement souples qu’il y a beaucoup d’abus, de dessous de table et de
scandales, notamment dans les Hauts-de-Seine », précise Maître Bouzrou. Et de mettre en
évidence certaines failles du système : « On s’aperçoit que
certaines personnes prioritaires sont toujours en attente alors que d’autres
sont favorisées. Sur Paris, il y a eu beaucoup d’abus mais cela change. On ne
peut pas utiliser le mot “transparence” pour parler d’attribution. Le problème
reste aussi, et surtout, foncier. »
Arash Derambarsh ajoute que ce manque de transparence favorise la
frustration et l’injustice. « Certaines personnes se disent : on
ne peut pas compter sur nos élus ! Frigide Barjot a obtenu un HLM alors
que ses revenus sont élevés. On ne peut pas parler de social quand il y a de
l’injustice. La fraternité veut qu’on passe par la justice, pour mettre tout le
monde sur un pied d’égalité. »
C’est au tour d’Olivia Cattan d’intervenir et de
présenter son association Paroles de Femmes.
« Nous l'avons créée en 2006, car on s’est aperçu que les droits des
femmes n’évoluaient pas assez vite. En matière d’hébergement, c'est difficile
pour une maman seule d'obtenir quelque chose. Et elles ne sont prioritaires
même avec un enfant handicapé », explique cette ancienne journaliste.
« On s’occupe surtout de femmes en situation précaire (SDF, familles
monoparentales). Ce que je demanderai au prochain maire, c'est qu‘il crée plus
d’espaces afin d’héberger ces personnes. » Et de conclure :
« On se bat pour défendre le droit des femmes, lutter contre les
violences, les discriminations et la précarité. Nous sommes basées à Courbevoie
et joignable à n’importe quel moment »
Quels sont les
recours possibles pour informer la population en matière d’information
locale ?, questionne Olivier
Corredo. Yassine Bouzrou cite
l’exemple de la Ville de Paris qui a mis en place un partenariat avec le
barreau de Paris, avec des permanences dans chaque mairie d'arrondissement, ce
qui permet aux habitants de pouvoir bénéficier d’un avocat gratuitement.
En tant qu’ancien
habitant de la ville, cet avocat regrette qu’un partenariat de ce type n’existe
pas à Courbevoie : « Il serait utile d’avoir un partenariat de ce
type ici, avec les problématiques actuelles de plus en plus complexes. D'autant
que les gens se laissent beaucoup faire. En France, on ne consulte pas beaucoup
les avocats, il y en a plus en Italie ou en Allemagne ». Il défend
donc l'idée d'un partenariat de ce type. « Grâce à ce projet, les gens
pourraient beaucoup mieux se défendre. J’espère que si Arash Derambarsh est élu ici, il mettra en place un tel partenariat
à Courbevoie. »
Olivier Coredo oriente le débat vers la petite enfance et se
tourne vers Cécile Bianconi,
responsable commerciale chez Kids up, qui revient sur
le concept des crèches inter-entreprises. « On donne la possibilité aux
entreprises de réserver des places pour leurs enfants car c’est la parcours du
combattant, notamment en Ile-de-France. Votre employeur peut vous réserver une
place près de votre domicile. Concilier vie professionnelle et vie privée
devient de plus en plus compliqué, notamment quand on est jeune maman.
L’entreprise a tout intérêt à s’investir dans ces crèches, c’est un gain de
productivité et de coût ».
Elle ajoute que ces
crèches fonctionnent comme celles du secteur public, sauf qu’elles ouvrent plus
tôt et ferment plus tard. Elle en profite pour rappeler les conditions de
création d'une crèche : « Investir dans une structure
municipale, mais cela coute cher. L’entreprise réserve des places, c'est souple
et elle s’engage sur quatre ans. Enfin on peut mettre les crèches municipales
en DSP (délégation de service public) en se déchargeant de la gestion de
celles-ci ».
Un manque de
personnel qualifié et d’écoles
Cécile Bianconi rappelle le besoin urgent en matière de personnel
qualifié : « On manque de personnels, d’écoles pour former ces
gens, depuis l’arrivée de ce prestataire, cela explique ces
« turn-over » dans les crèches publiques vers le privé ». Elle
milite pour une véritable fidélisation du personnel des crèches afin d’éviter
un maximum de turn-over pour le bien-être des enfants.
Olivier Coredo questionne Olivia
Cattan : que faites-vous en matière de placement en crèches ? « On
ne peut pas intervenir là-dessus, sauf quelques solutions via nos
réseaux », explique Olivia
Cattan. Avant de poursuivre : « On a déjà beaucoup de
problèmes à régler. Et cela fait partie aussi de nos combats. Ce n’est pas
normal que les femmes renoncent souvent à leur carrière pour leurs enfants à
cause d’une histoire de crèches ! »
Cécile Bianconi tient à préciser un point concernant les enfants
atteints de handicap : « Les parents sont souvent isolés face à ces
problèmes, on les accueille chez Kids’up,
mais ça n’est pas le cas dans toutes les structures ».
Olivia Cattan tient à préciser que les haltes-garderies refusent
les enfants handicapés à Courbevoie. Elle raconte son expérience d’avoir essayé
de placer des enfants handicapés dans des haltes-garderies, on lui a répondu
que la place de ces enfants était dans des hôpitaux de jours. « Les
établissements scolaires le font avec des auxiliaires de vie, ce qui est le cas
pour mon fils. J'ai dû mettre ma carrière de journaliste de côté, et cela c’est
à Courbevoie ! »
« Les améliorations apportées au
stationnement se limitent souvent à l'amélioration des recettes, pas de
l'offre »
Olivier Coredo aborde la question du stationnement et se tourne
vers le dernier invité, Cyril Hersch afin qu’il parle de sa start-up, Apila.
Cyril Hersch en profite pour raconter
une anecdote au sujet de cette application disponible sur smartphones, première
solution multiplateforme et en temps réel de stationnement intelligent. « J’étais en
train de changer de voie professionnelle et suis arrivé en retard au mariage de
mon cousin, alors que j’étais porteur des alliances ! »
Ce jeune
entrepreneur en est donc venu à s’interroger à la question du stationnement et
s’est aperçu que toutes les technologies développées portaient sur
l’augmentation des recettes, et non sur le client. Il s’est donc intéressé à ce
qui pouvait marcher dans ce domaine. Cyril Hersch est parti de deux
constats : « Je me suis aperçu qu’une place de stationnement
restait libre moins d’une minute et que 2 % des places de stationnement
étaient libres à un instant T ».
Cette start-up
parrainée par la Mairie de Paris est en phase béta. Une nouvelle version verra
le jour pour Smartphones et GPS : elle permettra de localiser les places
bientôt disponibles et orientera en temps réel les personnes cherchant à se
garer. Cyril Hersch voit cela
comme une véritable place de marché. Il veut jouer un véritable rôle
d’intégrateur, son application permettra de concilier l’offre et la demande et
d’être un véritable outil de mobilité. « Nous travaillons sur un
algorithme qui permettra de savoir qu’une place va bientôt se libérer, avant
même que cela soit fait, et sans intervention humaine », ajoute le
chef d’entreprise. 60 000 personnes utilisent déjà cette application,
concentrées en majorité en région parisienne.
« Manque
de parkings résidentiels »
Quels sont les
points à améliorer à Courbevoie en matière de stationnement ? questionne Olivier Coredo. « Les
PV rapportent 300 000 euros à la ville chaque année », précise Jean-Philippe Elie. Et de
préciser : « La mairie peut-elle se permettre de perdre cette
somme ? Nous pouvons investir cet argent autrement »
Pour ce
journaliste, la ville manque de parkings résidentiels. Il voit l’application Apila
d’un bon œil, mais de manière ponctuelle. « Les gens ont besoin de leur
voiture. Il y a des friches vers la frontière de Bois-Colombes, il faudrait y
réfléchir car on n’a pas beaucoup de solutions. »
Qu’en est-il
alors d’un point de vue culturel dans la ville ? « Nous avons un bon
espace culturel avec l’espace Carpeaux où la programmation est de qualité »,
renchérit Jean-Philippe Elie avant
d’émettre un doute sur l’Espace loisirs qui va être construit juste en
face : « Cela va créer un doublon et une concentration sur un même
site alors que la place foncière manque ».
Ce journaliste
regrette qu’il n’y ait pas de véritable MJC (Maison des jeunes et de la
culture) dans la ville. « Elle a été fermée par le maire précédent,
c’est anormal pour une ville de 86 000 habitants relativement jeunes »,
déplore Jean-Philippe Elie.
Il regrette le
gouffre financier que représente cette Cité des Loisirs, et met en relief les
problèmes du stade municipal Jean-Pierre Rives, qui n'est pas accessible aux
habitants non licenciés.
Arash Derambarsh prend la
parole à son tour : « On a une problématique pour chacun d’entre
nous, chacun souhaite un service en fonction de son vécu ». Il
regrette que tout soit privatisé dans cette ville, notamment pour aller courir
au stade ou jouer au football. « La plupart de mes amis vont au restaurant
par manque de temps : pourquoi ne pas mettre en place un service de
livraisons à domicile et un véritable service d’aides à la personne, comme le
repassage pour les personnes âgées ? » questionne Arash Derambarsh avant de
poursuivre. « Cette question, ça n’est pas une question de droite ou de
gauche. Les services à la personne au 21e siècle doivent simplifier la vie des
habitants. Cela doit être un atout pour permettre aux citoyens de se concentrer
sur l’essentiel ». « Et cela peut être créateur d’emplois », ajoute
la naturopathe Céline Touati dans la salle.
Olivier Coredo questionne
une mère de famille sur ce qui manque dans la ville ? « Il manque
tout, nous n’avons pas de places en crèche, pas de places pour les activités
sportives », répond désabusée cette mère de famille.
« Comment
voyez-vous la question de l’électro-mobilité ? », questionne un
ancien habitant de la ville. Arash Derambarsh explique que
c’est une solution d’avenir, écologique, mais regrette le manque de bornes. Il
plaide pour son développement, mais cela ne doit pas être seulement impulsé par
les villes mais aussi de manière nationale.
En ce qui
concerne les parkings des entreprises du secteur de La Défense, pourquoi ne pas
faire un partenariat pour avoir accès à ces parkings, notamment le soir ?,
questionne Céline Touati.
Arash Derambarsh laisse la
parole à un ancien adjoint au maire de la ville (élu 19 ans), Jacques Fratellia. « Ca
se fait dans certaines villes, les soirs et le week-end, mais pas ici ».
Il souligne qu'à La Garenne-Colombes, ville moins riche que Courbevoie, « ils
ont mis en place un double stationnement en surface ». Cet ancien élu
regrette qu’il n'y ait pas de places réservées aux motos et deux roues et
préconise « de doubler les places en surface sans dépenser un
sou ».
Jacques Fratellia profite du
moment pour mettre en évidence le prix de certains HLM, aussi chers que le
privé. Il se prononce pour une vraie politique du logement prioritaire pour les
habitants de la ville. « Il faut d’abord reloger nos habitants, car
certains vivent dans 9 m2 ! » Puis il questionne la salle :
« Combien y a-t-il d’enfants à garder à Courbevoie ? 900, donc il
y a une forte demande ! »
Il a créé la Fondation Anne
Marie Riviere, basée à Versailles, pour aider les personnes âgées
avec des services d’aide à domicile et insiste sur la nécessité d'une vraie politique
intergénérationnelle. Cécile
Bianconi milite aussi en ce sens : « On fait cela dans nos
crèches, avec des partenariats avec les maisons, car on a tout à apprendre de
ces personnes », explique-t-elle.
Yassine Bouzrou tient à répondre à la mère de famille
courbevoisienne qui se plaignait du manque d’activités à Courbevoie. « Il
y en avait plus avec la PAJ (permanence accueil jeune), et tout le monde, pour
une somme modique, pouvait faire des activités comme la moto ou le ski. Cela
permettait à beaucoup de jeunes en difficultés d’avoir accès à des
loisirs » Il regrette que cela n’existe plus et ajoute que ce manque
d’activités pour les jeunes puisse favoriser certains actes de délinquance.
« Pourquoi
privatiser des services comme les crèches ? », regrette une
habitante. « Cela donne des avantages, c'est souple et cela coûte
beaucoup moins d’argent », répond Cecile
Bianconi. « Cela coûte 1 million d’euros », précise Jacques Fratellia, qui se prononce dans
le sens d’une collaboration avec le privé.
Existe-t-il des
recours concernant l’attribution d’un logement social ?, questionne Olivier Coredo. L’avocat Yassine Bouzrou précise qu’il n’y pas
de recours, car cela concerne le domaine administratif même quand il y a des
irrégularités comme le cas de Frigide Barjot. « Le problème, à mon
sens, est de construire encore plus de logement social. »
Arash Derambarsh suggère des projets de formation continue pour les
personnes âgées, notamment pour favoriser l’intergénérationnel.
Et pour les jeunes,
de mettre en place une plateforme numérique de recherche d’emplois « C’est
l’information qui doit venir vers nous, il faut arrêter avec ces forums de
l'emploi qui ne servent à rien ! »
Il milite depuis
longtemps pour le numérique, véritable vecteur d’emplois et d’informations.
Arash Derambarsh conclut ce débat : « Le prochain aura lieu le samedi 28 septembre sur l'éducation.
D'ici là, bonnes vacances ! ».
Vous pouvez retrouver toute ces informations via twitter
(@Courbevoie30) et sur le site internet du club (www.maville30.com)
remerciements : Sofien Murat (rédaction) et Cyrus Atory (photos)
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